Mon avis sur le film le discours d’un roi

Le discours d’un roi c’est d’abord deux acteurs énormes, Colin Firth et Geoffrey Rush. Le premier, connu pour sa dimension comique dans la saga Bridget Jones, nous dévoile ici une autre facette de ses talents de comédien complet. Ce qui lui vaudra un Golden Globe et un Oscar. Le second, ancien oscarisé pour son rôle dans Shine, dans un rôle tout en nuance, affable mais posé, en contradiction au tempérament introverti et agressif de Firth. L’histoire est originale et intimiste. Un homme introverti (Colin Firth) mais ne pouvant renoncer au trône par loyauté pour son père rencontre un médecin qui se revendique orthophoniste aux techniques novatrices – il a officié pour traiter les traumatismes des soldats revenant de la grande guerre. Ce dernier, épris d’une profonde humanité s’attache au futur roi et se jure de l’aider à surmonter ses complexes, et par la même conjurer son sort de praticien sans aucun titres et honneurs. Entre les deux s’installe une amitié solide qui va porter les graines du progrès dans la prise de parole du futur roi et lui assurer son règne et sa popularité auprès des britanniques jusqu’à la fin de sa vie. Le film ne s’attarde pas sur les détails et vise à l’essentiel pour toucher dans le mille le cœur du spectateur. A travers les crises d’angoisse et de colère du héros face à son handicap qui lui paraît insurmontable . A travers aussi la sensibilité de l’orthophoniste qui reconnaît en l’homme frustré une grande âme capable de porter la couronne, au contraire du fils aîné du roi, homme de succès à femmes mais de piètre moralité,. Enfin dans le cadre du contexte de la montée du nazisme en Allemagne offrant un contraste saisissant entre Georges 6 et Hitler. Ce dernier étant unanimement considéré dans le monde comme un excellent orateur
Le combat obstiné du futur roi Georges 6 pour surmonter son bégaiement rentre en parallèle avec le déferlement de violence que va être la seconde guerre mondiale et va construire la base sur laquelle le peuple britannique résistera ave résilience à l’agression nazi. Georges 6 fera tout malgré un complexe d’infériorité dû à une éducation punitives caractéristique pour l’époque et des singularités contrariées (il était cagneux et gaucher), causes de son bégaiement , pour devenir un roi exemplaire. Il reste à Londres pendant le bombardement de la ville, se déplaçant sur les lieux de destruction pour soutenir les victimes, se positionnant lui-même en victime résistant à l’oppresseur, à l’instar de n’importe quel britannique de la rue.
Nous avons ici un film sur le pouvoir de la résilience et de la victoire des valeurs du cœur sur l’orgueil et les préjugés. Une sorte compte du complexe de l’imposteur racontant l’histoire d’un garçon dans l’ombre que rien ne prédisposait au départ à se trouver au sommet. Les nombreux moments de doutes insistent bien sur ce fait tout au long du film. Tout est bon pour échapper à l’humiliation de ses premières tentatives de discours : Bertie rabaisse Logue sur sa différence de condition sociale avec lui pour éviter de se rectifier. Il s’effondre en larmes devant son épouse lors de sa nomination : lui avouant qu’il n’est qu’un bureaucrate mais pas un roi. C’est un film sur le pouvoir de croire à un destin plus grand que celui dont nous nous pensons capable. Un destin qui transcende nos peurs et permet de surpasser nos barrières limitantes. Un film aussi sur l’amour et l’amitié. Amour d’une femme pour son époux. Car C’est bien la reine mère qui poussera Bertie à aller consulter ce praticien aux méthodes si novatrices pour le faire sortir de ses souffrances. Amitié ensuite entre Logue et le roi Georges 6, que le poids des années n’écornera pas. Ils resteront amis pendant toute leur vie. Se réunissant en famille pour Noël et autres événements familiaux. Logue s’éteindra un an après Georges 6, dans le sentiment peut -être lui aussi d’avoir œuvré à sa manière pour l’empire.